Socialrama s’est rendu au Frames à Avignon, 9ème édition de ce festival dédié à la “création web” qui s’adresse aux professionnels comme au grand public. 
Verbatims et réflexions subjectives d’une journée, côté pro, passée à sonder l’état de la création digitale, majoritairement vidéo. 

 

L’IA, stop ou encore ? Difficile d’y échapper : en trois jours, pas moins de quatre conférences ont disséqué l’IA sous toutes ses coutures — storytelling, droits d’auteur, doublage, création web. L’outil fascine, mais les sueurs froides ne sont jamais loin. Lors d’une table ronde sur les outils génératifs, la vidéaste et graphiste Julie aka Bakaboo lâche sans détour : l’IA, c’est de la merde, avant de nuancer en admettant parfois l’utiliser “comme béquille”. Derrière les discours sur l’appropriation, une question persiste : comment garder la main… sans perdre la tête ?

Confession Intime. Même si elle s’en était déjà ouverte à sa communauté, le témoignage honnête et transparent de Lucile Woodward a touché les spectateurs venus l’écouter lors du panel, à côté de Gaspard G et Mamad d’Impact Story. La coach sportive connue pour ses vidéos de fitness est revenue sur son parcours de “vieux combattant” : depuis ses débuts chez Doctissimo en 2011, son succès pendant le Covid, son explosion en plein vol post-Covid et enfin son rebond, grâce à une appli sur abonnement et le soutien de sa communauté.

Gaspard G, Lucile Woodward, Mamad et Donatien Bozon - Credit : Socialrama- -

Radio Pirate. Lors de ce même panel, Gaspard G témoignait avec ses 3 casquettes : créateur de contenus (désormais 80% de son temps), fondateur de l’agence de talents Intello (c’est comme ça qu’on le surnommait au collège) et secrétaire général de l’UMICC (l’Union des Métiers de l’Influence et des Créateurs de Contenu). Cette triple perspective l’a autorisé à comparer le secteur aux “radios pirates du début des années 80”. Pas assez réglementé ? Encore un peu anarchique ? Très ou trop libre ? Il faudra creuser avec lui cette analogie…      

Un talk-show de plus. Que serait la création en ligne en France sans Webedia ? Incontournable, le groupe a profité du Frames pour présenter Supercurieux, le nouveau talk-show “augmenté” de son média “Epicurieux” coporté par Jamy Gourmaud et Ludovic B. Ce format “immersif” a été créé pour répondre au “temps long” valorisé par YouTube et y “faire de la pédagogie clandestine”, dixit Jamy. Même si le live n’est pas le terrain de jeu préféré de Jamy, il a été contraint de s’y plier tant le format du talk-show est décliné à l’envi par Webedia ces derniers mois. 

Le Palais des Papes qui accueillait le conclave du Frames Festival - Credit : Socialrama

Les chaînes publiques mécènes de la webcréation ? Le Frames a été l’occasion d’assister aux présentations façon “grille de programme” de Slash (on oublie désormais a mention France.tv, on dit juste Slash) et l’unité dédiée à la création digitale d’Arte. Elles se sont imposées comme de véritables soutiens de la création numérique avec des productions qualitatives, originales et à succès. Chez Socialrama, on aurait aimé que ces présentations de line up ne soient pas réservées à des chaînes de télévision, publiques qui plus est, et on a regretté la présence trop discrète des plateformes et des médias digital natifs. A quand le line up de Konbini ou le grand show Webedia au Frames ?

Vidéastes recherchent financements désespérément. Pour les vidéastes, l’ambiance était surtout à la chasse aux financements. Au menu : bruits de couloir sur une possible restructuration des bourses CNC Talent — véritable tremplin pour beaucoup de créateurs — et inquiétude palpable. Cette refonte pourrait brider les propositions plus libres pour recentrer les aides sur des contenus de fiction ou de documentaire. Entre quête de boîtes de production et repérage d’agents à qui se présenter, chacun cherche à sécuriser son avenir autrement. De son côté, Slash (sans le “France.tv” donc) a annoncé être en “recherche active de nouveaux talents” pour enrichir sa plateforme numérique. Reste à voir qui réussira à se faire une place.

La webcréation de gauche ? Un speaker du festival comparait avec malice les initiatives festivalières de la création de contenu : “sur un spectre politique, à gauche tu as le Frames et à droite, la Paris Creator Week (événement dédié à la creator economy dont la première édition a eu lieu fin 2024 NDLR) ! L’un est dédié aux créateurs, le second s’adresse à la Creator Economy”. Loin de prendre position dans ce débat vraiment fondamental, on remarquera avec amusement que le komboucha n’avait pas éclipsé le champagne mais que l’écriture inclusive était de rigueur dans le programme.

Un palmarès pour les 10 ans. L’année prochaine, Frames fêtera ses 10 ans et Socialrama reviendra avec joie. L’occasion est rêvée pour récompenser la création digitale à travers son propre palmarès. Mais aujourd’hui la forme n’est pas tranchée : comment coller à l’esprit originel du festival qui veut célébrer les créateurs plus que les influenceurs, la “Création” plus que la “création de contenus”, les idées plus que les performances algorithmiques dans un univers où tout est classement, course à la vue et quantification de la performance ?

Share this article
The link has been copied!