L'Edito : vous dites « influenceur » ou « créateur » ?

Comment retranscrire la densité d’enthousiasmes, d’inspirations et de curiosités générée par les conférences, rencontres et ateliers des deux jours passés à la Paris Creator Week 2025 ?

Tout d’abord, félicitons Jokariz, ses associés et équipes pour la deuxième édition réussie de leur événement : organisation impeccable, intervenants de qualité et sujets pertinents. SocialRama est convaincu que cet événement, déjà une référence de la Creator Economy française, deviendra un rendez-vous international incontournable.

Ensuite, évacuons les poncifs : non, l’authenticité et le naturel ne se commandent pas, ils sont, ou ne sont pas. Arrêtons de les invoquer à tout bout de champ.

Ah, nous tenons quelque chose, le champ. Le champ lexical utilisé lors de ces deux journées, qui, comme pour tout écosystème, en dit long sur les tendances et aspirations de ses organismes.

« L’influence », avec ce qu’elle représente d’un passé encore présent et sa tenace résonance presque péjorative, est morte.

Pas ses pratiques, son efficacité ni ses dérives, mais ce qu’elle représente. Elle est aujourd’hui remplacée par « Creator » ou Créateur, comme pour mieux distinguer deux classes, deux castes : les influenceurs batifoleurs contre les créateurs artistes, influvoleurs contre créateurs responsables, Snapchat (étonnamment absent de l’événement) contre YouTube. Attention aux caricatures et au snobisme dans un écosystème encore bourgeonnant, qui a plus besoin d’unité que de division pour affronter les régulations, les algorithmes et tous les défis qui se présentent à lui…Mais ne nous formalisons pas : en moins de temps qu’il ne faut pour le prononcer, le terme créateur est aussitôt concurrencé : « entertainer » dans la bouche de Joyca, « artistes » dans celle d’Elisha Karmitz (MK2), et au gré des conférences, « réalisateurs » ou « journalistes ».

Oui, les Créateurs ont changé, ou plus exactement, n’en déplaise aux passéistes et aux conservateurs, le regard que l’on porte sur eux a changé.

Et c’est de cette acceptation des Créateurs dans les médias, dans l’économie, dans la culture, que la Paris Creator Week 2025 a été la matérialisation.

Elle est le résultat d’une hybridation : des techniques, des formats, des modes de diffusion. Et elle répond à un besoin de diversification : des flux de revenus, des business models, des profils et des thématiques.

Les Créateurs avaient leur Économie, ils ont désormais leur événement.

Adrien Vincent